Préface de Monsieur le Colonel Carde

Cher Jean Yves Le Guillou,

 

L’équitation par Auto-posture du cheval, oeuvre de nombreuses et fructueuses recherches, est d’une telle richesse que je me trouve bien dans l’embarras à donner mon sentiment en quelques lignes seulement.

 

Ce qui est frappant et inhabituel c’est que vous apportez quelque chose de nouveau sans vous démarquer des principaux courants qui ont façonné l’équitation. Cette marque d’intelligence et d’humilité vous honore.

 

Ainsi, sans renier l’équitation française du XVIIIe siècle, vous vous faites le chantre du Bauchérisme de la deuxième manière alors que ce courant s’inscrivait en rupture avec la pratique des Anciens. Mieux, vous le complétez par la descente de main, l’épaule en dedans et le travail les deux bouts en dedans chers à La Guérinière.

 

Et vous insistez sur la nécessité de travailler sur les courbes et les cercles pour amener le cheval à manier aisément aux deux mains. Voilà une technique contemporaine que l’on ne réprouverait pas de l’autre côté du Rhin.

 

Mais bauchériste vous l’êtes d’abord par la réaffirmation du credo à partir duquel se construit l’édifice : " le mouvement naît de l’équilibre, pas le contraire. " Alors le lecteur découvrira le procédé central de votre oeuvre, procédé original permettant d’obtenir l’équilibre : " l’Auto posture ". Cet équilibre, vous l’associez étroitement à la légèreté qui le conditionne et qui en est la garante, comme c’est classique en équitation

 

bauchériste. Mais vous présentez la légèreté comme développant l’impulsion, ce qui est plus osé.

 

Et pourtant, comme vous avez raison d’associer étroitement ces deux notions ! Car sans alchimie subtile de celles-ci, point

 

de rassembler. En ce sens vous vous rapprochez de Fillis et, comme lui, vous ne voulez pas les flexions ou exercices sur place mais demandés en avançant. Par contre vous vous en éloignez nettement, d’une part en refusant la vigueur qu’il recommandait pour maintenir le cheval en état d’éveil, et, d’autre part, en faisant grand cas du " main sans jambes, jambes sans main " qu’il ne prenait pas, lui, au sérieux.

 

La bonne attitude, vous l’obtenez dans l’élévation maxima de l’encolure qui précède le ramener, lequel est indispensable dès qu’il y a mouvement. Là vous allez inquiéter puisque l’élévation de l’encolure mal comprise, c’est-à-dire obtenue par recul de la main, creuse le dos et éloigne les postérieurs, raison pour laquelle elle est crainte par beaucoup, bannie par d’autres. Mais vous vous faites rassurant en affirmant que réalisée dans la légèreté par " l’auto-posture ", elle conduit à la flexion sacro lombaire, le cheval plaçant ipso facto sa ligne du dessus dans le sens de la convexité. Et d’ajouter la nécessité de la rondeur du cheval en toutes circonstances.

 

Oliveira ne dirait pas le contraire lui qui, cependant, recommandait prudemment d’arrondir vers le bas, au début

 

du dressage, les chevaux ibériques qui constituaient l’essentiel de sa remonte...

 

À l’appoint de votre méthode, les procédés sont nombreux. Issus pour beaucoup d’exercices classiques vous les avez repensés à la lueur de la biomécanique.

 

En somme vous êtes un fusionneur original et moderne.

 

On dit que l’équitation du siècle qui commence sera culturelle ou ne sera pas. Quoi qu’il en soit elle vous devra d’avoir produit une oeuvre originale propre à alimenter très utilement la réflexion de tous les sages qui associent étroitement culture et pratique équestre.

 

Avec mes compliments pour le travail de Titan que représente votre livre, je vous prie de bien vouloir accepter aussi, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments bien amicaux.

 

Colonel Christian Carde

 

Ancien écuyer en chef de l’Ecole Nationale d’Equitation

 

Et du Cadre Noir de SAUMUR

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Haras de Kerhors

22170 Lanrodec

 

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Erwan le Guen